Ovationnés par un public d'abord étonné, puis surpris et enfin conquis

30/09/2019
DNA
De Profundis au Festival de Ribeauvillé

Moderniser l'ancien
Avec marc-Antoine Charpentier et son cadet d'une (grande) génération Johann Sebastian Bach, l'auditeur sait que, sauf cataclysme improbable, il va naviguer dans les eaux sécurisantes bien que quelque fois surprenantes d'une esthétique rodée, d'une thématique connue ; il va guetter le "petit rien" qui fait la signature du chef ou du soliste, leur audace à sortir de sentiers mille fois battus en mettant en lumières des opus peu joués... Léo Warynski a fait tout cela avec "ses" Métaboles, donnant une dimension à couper le souffle à la messe des morts du compositeur français, jouant des contrastes et de complémentarités sonores entre les différentes voix, mettant en espace, quasi quadriphonique, le "Transfige dulcissime Jesu" avant de proposer une lecture très enlevée du choral "Aus tiefer Not" du Kantor.
Mais c'est avec le "Psaume CXXX de Philippe Hersant, composé en 1995, que la musique a fait preuve de sa capacité "à abolir à la fois le temps et les siècles", selon les mots du chef de choeur ; un texte identique à celui du choral l'ayant précédé dans le programme, un même instrumentarium réduit à l'essentiel avec une viole de gambe et l'orgue positif qui tissent un climat plus dramatique que chez Bach pour revenir par instants à une intériorité "à la Schütz" sur laquelle le choeur mixte à quatre voix vogue en seigneur.
La modernité, l'actualité chez Hersant, c'est dans ses contrastes, ses fulgurances sonores, ses oppositions entre presque silence et grandes architectures vocales qu'elles se nichent... Ovationnée par un public d'abord étonné, puis surpris et enfin conquis. "