The Angels

The Angels

20 €
Variations
Présentation

The Angels, nouvel album des Métaboles chez NoMadMusic, plonge l’auditeur dans les méandres de la musique spirituelle. Les œuvres de Purcell, Byrd et Palestrina, chantres de la musique polyphonique du XVIIe, entrent en résonance avec celles de Harvey, figure majeure de la musique contemporaine.

Les Métaboles redonnent vie à la splendide tradition des chœurs anglais : de Winchester au réfectoire des moines de Royaumont, où l'album fut enregistré, les murs gothiques des abbayes accueillent une musique somptueuse, magnifiée par les acoustiques.

Video

Jonathan Harvey - The Angels / teaser

Presse

La voix des anges des Métaboles.

Resmusica - Charlotte Saulneron
The Angels - CD

De Palestrina à Jonathan Harvey, en passant par William Byrd et Henry Purcell, ce nouvel opus discographique des Métaboles, The Angels, mené sous le regard expert de son fondateur Léo Warynski, est fondamentalement dédié au célèbre compositeur britannique disparu en 2012.

Les premières notes de cette programmation font écho à l’une des caractéristiques propres de l’écriture musicale du maître contemporain, l’interprétation choisie pour l’Ave verum corpus de Byrd atténuant toute dualité au profit d’une lévitation spirituelle inscrite au coeur d’une pleine communion d’un ordre supérieur. Son ancrage dans la musique sacrée anglicane et le plainchant dès ses premières œuvres de jeunesse, puis son implication dans l’activité musicale de la Cathédrale de Winchester au début des années 80, marqueront profondément Jonathan Harvey, particulièrement intéressé par une réflexion alliant inspiration et spiritualité. Léo Warynski fait donc le choix d’accorder les seize chanteurs a cappella selon les aspirations mystiques du compositeur britannique, et cela même si les ouvrages ne sont pas de son fait ni de son époque.

Ce sera ainsi le même parti pris pour Remember not, Lord, our offences de Henry Purcell qui sera traité selon une approche similaire : celle d’une lévitation des textures sonores, métaphore de la grandeur spirituelle chrétienne, que la basse continue initiale ne pouvait qu’encrer dans le réel. Pour Giovanni Pierluigi da Palestrina, c’est le double chœr du Stabat Mater qui est sous l’emprise de la plénitude d’Harvey, les voix se modelant pour une consistance pleine et fusionnelle sans contrastes marqués. Les choix de Léo Warynski sont risqués, mais fonctionnent admirablement selon ce fil conducteur particulièrement intellectualisé, et surtout ancré au cœur même d’une écriture musicale contemporaine. Entre I love the Lord, Come, Holy Ghost, Plainsongs for peace and light, extraits du Livre des Psaumes, Remember, O Lord, ou encore The Angels qui donne le titre à ce disque, le choeur évolue selon des compositions variées de Jonathan Harvey : du plain-chant à seize solistes, de cinq voix mixtes à un double choeur… La performance des Métaboles est aussi irréelle que cette conduite temporelle extatique menée d’une main de maître par Warynski durant ces quarantecinq minutes de musique. Mais comme souligné précédemment, on est loin de la contemplation : la démarche est complexe, rigoureuse et précise, positionnant l’auditeur dans une concentration que ce format court discographique rend véritablement rendre possible.

Les gestes musicaux sont intégralement mis au service d’une conception spirituelle, le temps et l’espace sortant des codes habituels, les mélodies et les harmonies en devenant d’une luminosité monumentale, chaque composante compositionnelle et interprétative s’éclairant mutuellement. La transparence des textures sonores portée dans une fusion des voix superbe, la flexibilité idéale dans la conduite des voix pour porter une pensée artistique complexe… Entre rationnel et mystique, entre intellectualisation et intuition, la voix des anges des Métaboles se met au service d’un disque magistral.

4 F - Les Métaboles font vibrer a cappella le répertoire de fameux Anglais, de Purcell à Jonathan Harvey.

Télérama - Sophie Bourdais
The Angels - CD

Dans l’écrin acoustique de l’abbaye de Royaumont, les Métaboles font vibrer a cappella le répertoire de fameux Anglais, de Purcell à Jonathan Harvey.

Le chef Léo Warynski et le label NoMadMusic ont été bien inspirés de graver ce fascinant programme de musique sacrée a cappella, créé en 2019 dans l’accueillante acoustique de l’abbaye de Royaumont, et enregistré sur place par France Musique. Si le compositeur britannique Jonathan Harvey (1939-2012) en est la figure centrale, ses pièces sont mises en résonance avec d’autres styles et époques. On perçoit ainsi à quel point son écriture contemporaine s’enracine dans celles de ses prédécesseurs, à commencer par William Byrd (1539/40-1623), dont l’Ave verum corpus, chanté par un quatuor vocal d’une troublante sérénité, inscrit les pièces qui suivront dans la riche tradition chorale anglaise. À Henry Purcell (1659-1695) et son psaume Remember Not, Lord, Our Offences, répond, dans une tonalité voisine, un Remember, O Lord, pour chœur a cappella. Et le thème musical qui ouvre le Stabat Mater de Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594) revient au début de The Annunciation, où Jonathan Harvey met en musique, de manière très picturale, un texte infiniment poétique d’Edwin Muir.

Souples, claires et chaleureuses, les voix des Métaboles sont aussi capables d’intervenir en solistes et d’assurer la netteté des lignes de chant, que de se fondre dans la polyphonie chorale. Elles font merveille dans ce répertoire d’une modernité sans âge, qui joue avec un plain-chant grégorien enrobé d’une brume vocale et parcouru de turbulences (Plainsongs for Peace and Light), sculpte le son au gré d’envoûtants enchaînements harmoniques (I love the Lord), et nous entraîne, pour finir, dans une autre dimension (The Angels), d’une beauté flottante et étrangement réconfortante.

... limpidité des timbres, transparence, flexibilité et raffinement des textures.

OnMag - Jean-Pierre Robert
The Angels - CD

L'attrait de cet album est la mise en miroir de compositions de l'anglais Jonathan Harvey avec des pièces des grands maîtres baroques du chant a cappella. Comparaison fascinante qui, à travers le croisement des époques et des styles, révèle d'inattendues correspondances et montre en tout cas la vitalité du chant choral outre-Manche.

Ce programme, capté live lors du festival de Royaumont à l'automne 2019, fait dialoguer présent et passé de la musique anglaise a cappella, Jonathan Harvey, Byrd et Purcell. Là où les voûtes du réfectoire des moines font écho à celles des cathédrales gothiques. Chantre de la musique électronique, qu'il a travaillée auprès de Stockhausen, Jonathan Harvey (1939-2012) s'est aussi intéressé au domaine du chant choral. Rien d'étonnant de la part d'un musicien qui a connu dans sa jeunesse le monde de la maîtrise anglaise des Colleges. Avec des techniques originales de traitement des voix se référant au plain-chant grégorien, et des sonorités audacieuses d'élargissement dans l'espace qu'on peut définir comme une sorte d'amplification irisée. Ainsi en est-il dans la pièce ''I love the Lord''. Celle titrée ''Come, Holy Ghost'' débute sur un rappel du thème du ''Veni creator'', chanté par une voix soliste, reprise par le chœur. La fin du morceau semble se déliter dans un fouillis remarquablement organisé, comme si le son venait de diverses sources. Le phénomène d'élargissement dans l'espace, avec ses effets d'écho, se retrouve dans les Plainsongs for peace and light. Là encore une voix soliste débute chaque strophe, rejointe par le chœur dans une sorte de fourmillement, comme s'il s'agissait d'un soubassement orchestral, pour un effet proprement magique. Qu'on retrouve dans le morceau ''The Angels'', si bien nommé, pour double chœur : sur une pédale à bouche fermée, le discours s'anime et se répand doucement. La seconde partie amplifie la première, toujours sur ce contrepoint murmuré quasiment instrumental.

Disposées soit en prélude, soit en répons, les pièces de l'époque baroque montrent une réelle filiation et combien Jonathan Harvey s'est placé dans les pas de ces maîtres. Car ''Remenber, O Lord'' semble prendre naturellement la suite de ''Remenber not, Lord, our offences'' de Purcell, et l'"Ave verum corpus" de Byrd annoncer ''I Love the Lord''. De même le bref "Stabat Mater "de Palestrina annonce-t-il la pièce ''The Annunciation'' du compositeur anglais actuel. Qui reprend à son compte leur sens de l'architecture vocale et, dans un langage moderne, recrée le mystère émanant des pièces de ses lointains prédécesseurs.

Les 16 chanteurs de l'ensemble vocal Les Métaboles, sous la direction à la fois sensible et rigoureuse de Léo Warynski, montrent limpidité des timbres, transparence et flexibilité, comme le raffinement des textures. Et surtout un étonnant éclectisme si l'on en juge par un précédent album d'inspiration bien différente, ''Jardin féerique''. La prise de son live réalisée par les équipes de Radio France - France Musique restitue l'étonnante impression de spatialité de ces musiques conçues pour des édifices religieux plus que pour des salles de concert.

Avec the Angels, les Métaboles nous illuminent.

Classique mais pas has been - Olivier Delaunay
The Angels - CD

En un an de musique confinée et de concerts annulés, Les Métaboles ont réussi le pari de sortir un disque. Un défi pour un chœur de chambre qui préférera toujours le concert pour faire briller la lumière de ses voix. Leur dernier né, The Angels, est pourtant une illumination.

Rares sont les ensembles vocaux qui peuvent faire entendre autant de genres différents en gardant à chaque fois la même exigence. Depuis dix ans, Les Métaboles cultivent un savoir-faire qui les a amené au sommet de leur art en 2020, avec un enregistrement éblouissant consacré aux Jardins féeriques des compositeurs du XXème siècle.

Le répertoire a capella est leur domaine privilégié, et les programmes originaux concoctés par leur chef Léo Warynski, leur marque de fabrique. Sur la lancée de leur dernière sortie, ils nous offrent cette année The Angels, une rêverie lumineuse enregistrée à l’abbaye de Royaumont (Val-d’Oise), un très saint lieu de la musique vocale. Dans les rayonnages d’un disquaire, la jaquette n’attire pas forcément l’œil, mais une fois le disque dans la machine, c’est un univers fascinant qui s’ouvre à nous. Si si, on vous assure !

Pour un chœur de chambre aussi fin et précis, les hauts-parleurs de nos salons sont des persiennes à travers lesquelles nous ne sommes autorisés qu’à deviner les contours d’une musique faite pour être jouée toutes fenêtres ouvertes, dans la pleine acoustique d’une église ou d’un auditorium. Depuis un an, nous avons appris à nous contenter de cette obscurité, ne recevant du monde musical qu’une ombre projetée, aussi fidèle que la résolution de notre matériel d’écoute le permet.

Il y a en ce moment un risque réel pour la musique et en premier lieu pour la musique vocale a capella, dont l’expérience est étroitement liée à la définition des timbres, dans un espace en trois dimensions. Dans cette étroitesse imposée par le disque, Léo Warynski et ses chanteurs arrivent néanmoins à nous faire parvenir un peu de lumière, par la force de leurs voix assemblées. Dans cet effort, ils sont bien aidés par l’acoustique parfaite de l’abbaye de Royaumont où ils sont en résidence.

Le répertoire

La lumière de The Angels est un assemblage dont la musique de Jonathan Harvey, compositeur contemporain anglais, est le fil rouge. L’esthétique est fascinante, alliant le chant grégorien simple et hypnotique au kaléidoscope des harmonies modernes. Il résulte de ce mélange une musique d’une grande majesté, qu’on écoute comme on regarde un vitrail dans une église : à chaque pas, on y découvre une lumière nouvelle. L’oreille y fonctionne comme la rétine en éclairant chaque accord de l’impression persistante de celui qui précède. On sort de l’écoute de ce disque avec une sensation curieuse, une sorte de doux éblouissement dont il faut quelques minutes pour se remettre. À la voix des anges, la musique contemporaine vient prêter un peu de son mystère, et on resterait bien en leur compagnie quelques minutes de plus. On sort de l’écoute de ce disque avec une sensation curieuse, une sorte de doux éblouissement dont il faut quelques minutes pour se remettre.

C’est pour qui ?

Si vous découvrez Les Métaboles, nous vous conseillerons plutôt de commencer avec leur deux dernières parutions, le Jardin Féérique et Une Nuit américaine, plus accessibles et tous les deux très réussis. Car The Angels s’adresse aux passionnés de musique vocale en premier lieu. Aux nostalgique de ces moments magiques où le son arrive de partout, enveloppant le corps entier dans un mystère acoustique, dont seules les églises ont le secret.

À ceux-là, The Angels apporte une évocation, un souvenir lointain gravé à plat sur un disque. Dans ces conditions, il faut aussi avoir l’habitude du langage contemporain, sans quoi on ne profitera pas autant de l’expérience. Pour les oreilles moins habituées à cette esthétique, quelques pièces baroques (Purcell, Palestrina) ramènent en terre familière.

Une ponctuation bienvenue pour laquelle l’acoustique de l’abbaye de Royaumont semble faite sur mesure, notamment dans ce surprenant Stabat Mater de Palestrina en double chœur. Dans cette disposition, il nous manque néanmoins les trois dimensions de la mise en espace, indispensable pour profiter de l’effet sonore. On attend vivement le concert…

Pourquoi on aime ?

- Pour l’ensemble du travail des Métaboles, dont au moins les trois derniers disques sont vraiment magnifiques !
- Pour la qualité vocale des interprétations, qui rendent à la musique a capella les trois dimensions qui manquent parfois au format disque.
- Pour le répertoire qui alterne avec intelligence les répertoires ancien et moderne pour une expérience quasi-mystique…

The Angels ou les Métaboles dans toute leur pureté.

Toute La Culture - Gilles Charlassier
The Angels - CD

À l’heure où les salles de concert restent privées de public en raison de la crise sanitaire, la parution de l’album The angels enregistré par Les Métaboles lors d’un concert pendant le festival de Royaumont en septembre 2019 conjugue l’excellence de l’interprétation à ce que d’aucuns appelleraient le syndrome de la madeleine. On retrouve dans ce disque la pureté de la ligne et le cisèlement des choeurs des Métaboles, sous la direction de Léo Warynski, dans un programme qui fait dialoguer les époques, la polyphonie de la Renaissance et du baroque avec celle de la musique contemporaine, mise en miroir qui compte parmi les marques de fabrique de l’ensemble français et de son directeur musical.

Ici, c’est le corpus de Jonathan Harvey, nourri par la pratique chorale, véritable institution outre-Manche, qui est mis en regard avec quelques grands maîtres du passé – Byrd, Purcell et Palestrina. De Harvey, on retiendra la décantation et la beauté des modulations de I love the Lord, les halos évocateurs de Come, Holy Ghost, la synthèse magistrale entre le sens du verbe et de l’effet dans The annunciation ou encore le remarquable et éponyme

The angels, initié sur des sons bouche fermée avant de se déployer dans un diaphane double choeur. Un témoignage fascinant d’une maîtrise d’un des meilleurs ensembles français d’aujourd’hui, récompensé l’an dernier par le Syndicat de la critique, et que l’on espère retrouver en salles dès que les restrictions seront levées.

... un art de la résonnance profonde, offrant un dialogue fusionnel entre passé et présent

Hémisphère son - Guillaume Kosmicki
The Angels - CD

Le chœur Les Métaboles se prête souvent, sous la direction de Léo Warynski, au jeu des croisements historiques entre les œuvres du répertoire et la musique contemporaine. C’est de nouveau le cas dans ce très beau disque, The Angels, qui confronte des œuvres chorales de William Byrd, Henry Purcell et Giovanni Pierluigi da Palestrina avec des compositions de Jonathan Harvey.

Qu’est-ce qui rend les associations entre les musiques des XVIe et XVIIe siècles et celles de notre temps si naturelles et si fructueuses ? Certes, les harmonies mouvantes et la liberté formelle déployées entre Renaissance et baroque, à la conquête d’un figuralisme maniéré et de dissonances expressives, rejoignent certaines recherches d’aujourd’hui. L’écriture chorale et la vocalité, quelles que soient l’époque et les grammaires adoptées, se chargent inévitablement d’une même humanité touchante aux oreilles des auditeurs. Enfin surtout, le sacré est intemporel par nature, et le choix d’œuvres du passé – Ave verum corpus de Byrd, Remember not, Lord, our offences de Purcell et Stabat mater de Palestrina – ne peut qu’entrer en résonance avec la profonde quête de spiritualité de Jonathan Harvey (1939-2012), avec laquelle il a renoué durant les années soixante-dix.

Après une enfance bercée par les polyphonies anglicanes de la Renaissance, le jeune homme s’était en effet un temps éloigné de la religion, prônant un athéisme rationaliste nourri de science et de philosophie. La rencontre avec Karlheinz Stockhausen, la lecture assidue de Rudolf Steiner, l’initiation au bouddhisme tibétain et à la méditation védique, associées à la redécouverte attentive des textes bibliques, lui font franchir ce nouveau cap, influençant grandement ses compositions à venir. Ainsi, le catalogue d’Harvey comporte de nombreuses œuvres chorales sacrées, centrées sur la quintessence vocale du chant a capella, alors qu’il use dans de nombreuses autres compositions des technologies informatiques les plus avancées. Certaines de ces pièces sont destinées au chœur de la cathédrale de Winchester, où chante son fils.

L’écriture des six œuvres sélectionnées dans cet album s’étale entre 1976 et 2012. Souvent simples d’apparence et entièrement au service du texte, comme la psalmodie initiale qui ouvre I Love the Lord, elles sont toutes d’une grande finesse d’écriture et témoignent d’une parfaite maîtrise des timbres et des équilibres, certainement due en partie à la pratique électroacoustique du compositeur. Ainsi, le début de Come, Holy Ghost, très proche du chant grégorien monodique, se peuple rapidement de bourdons résonants, évoquant des sonorités de cloches, puis se développe en une fascinante architecture polyphonique à double chœur. C’est également le cas des Plainsongs for Peace and Light pour seize voix solistes, probablement sa dernière œuvre achevée au seuil de la mort. The Angels, qui donne son titre à ce disque – enregistré le 7 septembre 2019 par Radio France lors d’un concert à l’Abbaye de Royaumont – le clôture avec des harmonies subtiles et mystérieuses, dans un doux balancement, reposant sur un double chœur. C’est d’un même élan expressif que Les Métaboles interprètent l’ensemble du programme, avec une clarté cristalline et un art de la résonance profonde, offrant un dialogue fusionnel entre passé et présent.

Éblouissant

Valeurs actuelles - Lionel Lestange
The Angels - CD

Il existe des moments de musique miraculeux que la "mise en boîte" n'étouffe pas. Saisis dans l'air du réfectoire des moines de l'abbaye de Royaumont, les anges au programme chantent a cappella les XVIe et XVIIe de Palestrina, Byrd et Purcell, et les XXe et XXIe de Jonathan Harvey. La ferveur spirituelle est la même, comme la pâte de verre du vitrail sonore ; sans doute s'irise-t-elle d'harmonies plus inouïes encore dans les œuvres de l'anglais notre contemporain, mais ce ne sont que des degrés dans l'éclat, éblouissant. Le livret témoigne de l'enchantement : "Ce disque est la mémoire de ce moment d'uneremarquable densité. On dit parfois qu'elle enjolive le passé. Ici, elle a plutôt comme vertu de la conserver"

Intelligibilité du texte, clarté de l’émission, luminosité des voix, souci du détail, attention aux sens des mots chantés...

premières loges - Stéphane Lelièvre
The Angels - CD

En quelques années, Les Métaboles, sous la houlette de leur chef Léo Warynski, sont devenus un ensemble incontournable dans le chant choral français. Outre l’extrême qualité de leurs interprétations, c’est également l’originalité de leurs programmes qui les signale régulièrement à l’attention du mélomane. Des programmes qui n’ont de cesse de faire dialoguer les époques et les esthétiques, comme dans ce nouveau CD intitulé The Angels (du nom de la pièce de Jonathan Harvey par laquelle se clôt l’enregistrement), où des pages des seizième et dix-septième siècles anglais et italien (Byrd, Palestrina, Purcell) côtoient des œuvres du compositeur anglais, l’une des grandes figures de la musique contemporaine britannique, dont l’œuvre est souvent empreinte de spiritualité et de mysticisme.

Comme dans les albums précédents de l’ensemble, on est impressionné par le raffinement mais aussi la rigueur et la précision des choristes. Le plus étonnant réside sans doute dans le fait que les chanteurs réunis conservent leurs qualités propres et leur individualité (pas seulement lorsqu’ils sont amenés à intervenir seuls, comme dans The Annunciation), sans pour autant que l’homogénéité de l’ensemble soit remise en cause. Intelligibilité du texte, clarté de l’émission, luminosité des voix, souci du détail, attention aux sens des mots chantés (ineffable douceur du « O dulcis, O pie, O Jesu » de l’Ave verum corpus de Byrd, fougueux « Then called upon the name of the Lord » du I love the Lord de Harvey), subtil équilibre entre densité et légèreté, dépouillement et intensité sont autant de qualités préservant fort heureusement la spiritualité qui émanait du concert donné par Les Métaboles le 7 septembre 2019 à l’Abbaye de Royaumont, avec un programme très proche (les pièces étaient interprétées dans un ordre différent et une œuvre de Jack Sheen, Fitzgerald pirouette, avait été créée à l’occasion). On pouvait craindre que, privé du cadre sobre et hiératique du grand réfectoire de l’abbaye, la musique perde de sa puissance spirituelle : il n’en est rien.

« Ce sont des intelligences aussi vieilles que le lever du soleil, qui n’ont jamais appris à distinguer la droite de la gauche, l’avant de l’après, ne connaissant qu’une seule direction vers Dieu ; qu’un seul moment, maintenant ».
Ces paroles, extraites de la pièce The Angels, offrent comme une mise en abyme de l’art des Métaboles tel qu’il se fait entendre dans cet album : un chant ardent dont la ferveur abolit les frontières spatiales et temporelles pour unir dans une même ferveur compositeurs du passé et du présent, et dont chaque accent témoigne d’une intense ferveur spirituelle.

Le nouvel album des Métaboles allie sensualité et spiritualité

La Croix - Emmanuelle Giuliani
The Angels - CD

Le chef d'orchestre Léo Warynski tutoie les anges

Témoignage d’un concert à Royaumont, le nouvel album des Métaboles sous la direction de Léo Warynski allie sensualité et spiritualité. Ou comment, lorsqu’elles excellent, les voix s’approchent tout près des sphères célestes.

Salués pour leur très haut niveau, les Métaboles, fondées en 2010, se promènent avec aisance dans un vaste jardin musical, de la Renaissance à nos jours

la science des équilibres des Métaboles, et leur constant souci de l'écoute

Le Figaro -Thierry Hillériteau
The Angels - CD

Moments classiques / ma selection par Thierry Hillériteau

Cette fois, c'est un programme puisé 100% aux sources de l'île d'Albion que nous propose son chef Léo Warynski. Et à défaut de jeter des ponts par-delà les frontières entre les nations, c'est à travers les siècles qu'il tisse cette fois son jeu de correspondances musicales. Avec comme principal point d'ancrage le compositeur contemporain Jonathan Harvey, dont l'onirique The Angels, aux harmonies serrées et douces comme du coton, donne son titre au disque qu'il referme. Une pièce a cappella, comme l'ensemble des opus présents sur le disque, qui reflètent à la fois la science des équilibres des Métaboles, et leur constant souci de l'écoute (d'où ils tirent cette justesse exemplaire d'un bout à l'autre).

5 étoiles - la perfection d'intonation des Métaboles sous la direction ciselée de Léo Warynski.

Classica - Jérémie Bigorie
The Angels - CD

Enregistré dans les murs du réfectoire des moines à l'abbaye de Royaumont, le programme entièrement a cappella panache périodes anciennes et contemporaines. L'Ave Verum de William Byrd témoigne d'emblée de la perfection d'intonation des Métaboles sous la direction ciselée de Léo Warynski. Un espace s'y déploie, du quatuor de soliste liminaire, depuis la chaire, à l'effectif complet. Celui-ci de voit agencé en double chœur pour le sublime Stabat Mater de Palestrina, pris à un tempo relativement rapide. En découle un jaillissement choral d'une grande fluidité que la qualité d'exécution prémunit de toute précipitation, notamment lors des monnayages en brèves valeurs rythmiques.

On retrouve cette urgence dans le Remember Not de Purcell, dont l'intensité agit comme un geste déprécatoire. Lui fait écho le Remember de Jonathan Harvey, à qui l'album rend un bel hommage neuf ans après sa disparition. Compositeur de musique électronique le plus important de Grande-Bretagne, ce fervent catholique n'en cultiva pas moins assidûment le répertoire choral. Le style rappelle celui de ses compatriotes Britten ou Tipett. De Come Holy Ghost, fondé sur le Veni Creator grégorien, au très modal Remember, O Lord, en passant par The Angels, où une partie du chœur vocalise autour de quelques accord pentatoniques en clusters, l'accomplissement spirituel des Métaboles irradie telle une douce lumière blanche. Seul regret : la brièveté du minutage.

L’excellence chorale est manifeste

Forum Opera - Yvan Beuvard
The Angels - CD

Avec une belle constance, les Métaboles ont signé plusieurs enregistrements que l’on peut qualifier de singuliers. Le premier (2014), intitulé « Mysterious Nativity » révélait les richesses du répertoire russe depuis un siècle, puis vinrent la « Nuit américaine » (2016), et l’extraordinaire « Jardin féérique » (2020) qui avaient imposé l’ensemble parmi les références chorales de notre temps. Ils signent aujourd’hui « The Angels », titre emprunté à l’une des pièces de Jonathan Harvey, sur lequel est centré le CD. Léo Warynski nous a accoutumés au croisement des styles et des époques au travers de ses albums. Il poursuit sa quête en associant au compositeur britannique trois grands noms de la polyphonie sacrée (Palestrina, Byrd et Purcell). Le programme est conçu avec habileté, ménageant les juxtapositions, les continuités comme les mutations. Ce disque demeure le témoin d'un concert donné à Royaumont en septembre 2019.

Les deux-tiers de l’enregistrement sont réservés à Jonathan Harvey. Celui-ci fit irruption en 1980 avec son fascinant Mortuos plango, vivos voco, créé à l’IRCAM, oeuvre pour sons concrets traités par ordinateur, dont chacun se souvient par l’exploitation des harmoniques d’une cloche monumentale. Disparu en 2012, il s’est imposé comme une figure majeure de la musique britannique, laissant une œuvre variée dont le signe distinctif est la quête de spiritualité. Sa musique chorale a connu un succès équivalent à celui d’Arvo Pärt, particulièrement au Royaume-Uni, où tous les ensembles et chœurs réputés ont enregistré les œuvres que nous écoutons ici. Aedes, le chœur de Mathieu Romano, avait déjà abordé le répertoire de Jonathan Harvey. Evidemment son langage s’est approprié nombre de techniques contemporaines, proprement vocales ou influencées par l’électroacoustique. Les polyphonies font appel à des formations variées, de l’unisson du plain-chant, du quatre ou cinq voix mixtes, du double chœur, avec des pièces qui font de chacun des seize chanteurs un authentique soliste.

Dans ce répertoire, la preuve est faite qu'un chœur français peut se hisser au niveau des meilleures institutions britanniques. S’il force l’admiration, le résultat n’emporte pas forcément l’adhésion. D’essence immatérielle, désincarnée, cette musique d’inspiration religieuse, par la pureté de sa nature, remplira d’aise les chercheurs de spiritualité. On se prend à évoquer Arvo Pärt et ses disciples planants, souvent orientalisants, qui ont le pouvoir de conférer une certaine sérénité, quittes à devenir ennuyeux – faute de propositions – au bout d’un certain temps.

Le récital s’ouvre sur l’Ave verum corpus de Byrd, populaire ici comme outre-Manche.  Tout est d’une beauté lisse, d’une fusion idéale des voix, d’où les contrastes semblent amoindris, voire gommés. Ainsi, le Remember not, Lord , de Purcell, privé de sa basse continue, apparaît-il plus dépouillé que jamais. Le déroulé est émouvant, les modelés de la supplique centrale (Neither take your vengeance) parfaitement rendus, bien que retenus. Quant au Stabat mater de Palestrina, étonnamment puissant, projeté, avec des soli admirables, on regrette seulement que les oppositions des deux chœurs ne soient pas davantage soulignées. L'écriture appelle autant l’union des voix que l’opposition des groupes, point n’est besoin de rappeler l’histoire de la polychoralité.

Les Métaboles n’ont plus à démontrer leurs qualités : équilibre, plénitude, précision et clarté d’émission. L’excellence chorale est manifeste. Pour autant, cette musique séraphique manque de battements d’ailes, propres à donner corps à une expression musicale moins désincarnée. L’enregistrement s’adresse davantage aux passionnés d’une polyphonie a cappella, comme aux néophytes en quête spirituelle, qu'aux mélomanes qui attendent du discours musical expression renouvelée et dynamique.

Petit regret : le temps est suspendu, mais le disque est avare. Certes l’écoute exige une attention de tous les instants et l’on peut comprendre que Léo Warynski ait veillé à éviter une forme de saturation de l’auditeur, mais le support n’autorisait-il pas d’aller au-delà de quarante-cinq minutes ?

Une des grandes formations chorales françaises

France Musique, En Pistes - Emilie Munéra
Une nuit américaine (CD)

En cette semaine d’élections aux États-Unis, le coup de coeur de En Pistes va au dernier disque de l’ensemble vocal Les Métaboles intitulé Une Nuit américaine. Un disque fait de découvertes qui impose les Métaboles comme une des grandes formations chorales françaises.

Couverture
The Angels
Colonne droite

The Angels

William Byrd
Ave verum corpus

Jonathan Harvey
I Love the Lord
Come, Holy Ghost
Plainsongs for peace and light

Henry Purcell
Remember not, Lord, our offences

Jonathan Harvey
Remember, O Lord 

Giovanni Pierluigi da Palestrina
Stabat Mater

Jonathan Harvey
The Annunciation
The Angels