En soirée : Singing Ravel par les Métaboles
C’était à la basilique de Vézelay qu’avait lieu le concert fortement attendu en soirée, à 21h. Les Métaboles, placés sous la direction de Léo Warynski nous proposaient un programme original avec « Singing Ravel ». L’entrée en scène était à la fois grandiose et tout en douceur avec la célèbre Pavane pour une infanterie défunte, morceau au caractère lent et nostalgique originairement destiné à la princesse Polignac. L’essentiel des chants étaient des retranscriptions adaptées de l’oeuvre de Ravel, notamment faites par des compositeurs tels que Gottwald, Pesson pour Ronsard à son âme, ou encore Thibault Perrine pour la fameuse Pavane, morceau qui a ouvert en beauté ce concert dans la basilique bourguignonne. Ces retranscriptions rendent par la voix la finesse des compositions de Ravel.
Un art de la retranscription
Ce programme s’est voulu être un hommage à l’oeuvre chorale de ce compositeur du tournant du XXe siècle, dont l’écriture a cappella est assez rare mais quand même mais existante – celle-ci s’en tient strictement aux Trois Chansons, sa seule oeuvre du genre. Mais le compositeur semblait vouloir rendre ses œuvres malléables, puisqu’il a déjà composé des morceaux pour orchestre avant d’être adaptées par lui-même au piano, et vice-versa. Ronsard à son âme condense parfaitement ces deux formes, la version chantée étant même plus douce qu’au piano.
L’harmonie des voix et des instruments
Tout était par ailleurs parfait avec l’acoustique de la basilique, équilibré et émouvant. Les voix des solistes qui se relayaient étaient puissantes, chacune d’entres elles portant très bien la structure musicale du choeur. Ravel est parfait pour une église, rappelons-nous que celui-ci avait déjà travaillé avec des voix, choeurs ou solistes dans cet esprit – on peut penser au Requiem n°48 qui se compose d’un soliste et qu’il a adapté avec un orgue- il avait composé le morceau dans une église. Tantôt le choeur s’est assemblé de manière fluide, tantôt les solistes ont dominé. L’agilité dans les retranscriptions, qui imitent avec perfection les effets que produisent les instruments d’orchestre..
Le Boléro
Le clou du spectacle était Le Boléro, œuvre la plus glorieuse et spectaculaire du compositeur. Et le chœur ne l’a pas ratée. En commençant en mezzo piano, avec une très grande douceur. On entendait presque les instruments à vents, les violons, et surtout la puissance des cuivres, à mesure que le crescendo se fait très progressivement. L’un d’entre eux imitait même les cymbales. Le morceau en ressortant était grandiose, l’ensemble du choeur trépignait et tapait du pied : les chanteurs achevaient le concert puissants, leurs corps se mouvant en musique avec une parfaite synchronie.
Avec un art consommé de la retranscriptions (dont certaines datent de notre millénaire) Les Métaboles ont interprété un Ravel résolument moderne, qui lui-même appréciait les retranscriptions. Et avec des interprétations aux accents quasiment cinématographiques et aux envolées vocales entrainantes, nous nous sommes sentis voyager. Il y a aussi eu des attentes, du suspens. Singing Ravel a donc été un concert ensorcelant et poétique, à l’image de L’Enfant et les sortilèges.