Le Moine et le Voyou

Le Moine et le Voyou

20 €
Variations
Présentation

Le programme de ce 5e album des Métaboles réunit l’univers profane et détonnant de la Messe un jour ordinaire de Bernard Cavanna et des œuvres pour chœur a cappella de Francis Poulenc : Un Soir de Neige sur des textes d’Eluard, les Quatre motets pour un temps de pénitence et Exultate Deo, motet pour les fêtes solennelles.
Ces œuvres partagent avec la messe de Bernard Cavanna une intensité et une humanité communes. Moine et voyou, deux adjectifs que Francis Poulenc s’était lui-même attribués, et qui pourraient tout aussi bien décrire l’univers de Bernard Cavanna… 

Video

Bernard Cavanna, Francis Poulenc - Le Moine et le Voyou / teaser

Presse

Le choeur des Métaboles admirable d'agilité et de beauté

Télérama - Sophie Bourdais
Le Moine et le Voyou

Excellente idée d’avoir accolé des œuvres mi-profanes, mi-sacrées de Francis Poulenc (1899-1963) à la nouvelle version de la Messe, un jour ordinaire, de Bernard Cavanna (né en 1951). Si Claude Rostand voyait en Poulenc « un moine et un voyou », le premier prend ici le pas sur le second : rien de provocant dans Un soir de neige, poignante cantate de guerre d’après Paul Éluard, ni dans les Quatre Motets pour un temps de pénitence et le motet Exultate Deo. Constante de ces pièces, la peur des ténèbres et de la mort conduit dans les motets à une vibrante profession de foi. Le contraire se produit chez Cavanna, où l’appel à l’aide d’une jeune toxicomane percute un un rituel liturgique qui s'emballe jusqu'à la folie. D'une noire ironie, cette Messe explosive réclame aux interprètes une grande virtuosité. Admirable de beauté et d'agilité le choeur des Métaboles s'expose d'abord a cappella chez Poulenc, puis dispute chez Cavanna, une étourdissante partie de ping pong avec l'ensemble Multilatérale, le violon de Noëmi Schindler, les sopranos Isabelle Lagarde et Emilie Rose Bry, et le ténor Kiup Lee. A la direction musicale, léo Warynski se montre aussi à l'aise dans la ferveur que dans le chaos.

Au plus haut niveau de qualité

Classica - Jacques Bonaure
Le Moine et le Voyou

Emportée par la baguette de Léo Warynski, la parole liturgique confronte l’absurde. Le face à face Poulenc-Cavanna crée le choc.

En distinguant chez Poulenc deux tendances contradictoires, le moine et le voyou, Claude Rostand aura formulé un bon mot durable quoiqu’un brin exagéré. Ici de Poulenc, on n’aura que l’aspect moine, le voyou étant incarné par Bernard Cavanna. Le programme semblera peut être étrange ; quel rapport entre les polyphonies de Poulenc, profanes (Un soir de neige, sur des poèmes d’Éluard) ou sacrées (Motets pour un temps de pénitence, Exultate Deo) et la Messe un jour ordinaire (1994) ? C’est que ces œuvres sont nées d’un choc. Chez Poulenc, c’est le retour à la foi de ses pères, consécutive à la mort de son ami Pierre-Octave Ferroud (Motets) ou celui de la pénible période qui suit la fin de l’occupation et précède la fin de la guerre (Un soir de neige). Chez Bernard Cavanna, la confrontation entre le discours rituel, grandiose et hautain du propre de la messe, et l’humble parole de Laurence, une jeune SDF sortant de prison et atteinte du sida, dont les propos ont été transcrits sans filtre. La parole liturgique, dont le trimophalisme s’emballe jusqu’à l’absurde, semble à la fin se fracasser contre celle de Laurence, entre sprechgesang, déclamation brisée et vocalise acrobatique. À la fin la douceur d’un bref poème de Nathalie Mécano, composé quelques jours avant sa mort, apporte un pathétique apaisement. La Messe un jour ordinaire est une oeuvre d’une originalité saisissante qui crée une dramaturgie terriblement efficace. La présente version diffère de l’original par l’adjonction d’une toccata introductive et la réécriture de nombreux détails. Cette première version avait été enregistrée en 1998 par l’Ensemble vocal de la région Poitou-Charentes et Art nova, sous la direction de Philippe Nahon (MFA-Radio France)

À ce jour, Léo Warynski et Les Métabolise ont réalisé 6 CD, et travaillé dans des directions très différentes, mais toujours au plus haut niveau de qualité, quelle que soit la nature de la musique - et il y a loin entre les lumineuses polyphonies de Poulenc et l’agressive matière sonore de Cavanna. Mais toujours la mise en place est d’une précision infinie, les intonations, même sur des notes très aiguës, toujours nettes. Il en va de même pour l’ensemble instrumental Multilatérale, dans la Messe ou l’on entendra le violon bouleversant de Noemi Schindler et la merveilleuse Isa garde aussi brillante que dans la précédente version, dans le « rôle » de Laurence.

5 diapasons - Un ensemble qui aime les lignes de tension

Diapason - Benoît Fauchet
Le Moine et le Voyou

« Il y a chez Poulenc du moine et du voyou » : on connait la formule du critique Claude Rostand. Convient elle à son cadet Bernard Cavanna ? Léo Warynski le suggère, qui associe les deux compositeurs français. Le choeur est a cappella chez Poulenc. Rien de très « voyou » dans les pages choisies, les plus profanes se lisant le temps d’Un soir de neige sur des poèmes d’Éluard ; dans ce paysage floconneux, il faut s’habituer à un effectif qui accentue les syllabes et roule ses « r », s’épanouissant surtout dans le « froid brûlant » refermant la cantate. Les Métaboles ne cherchent pas à arrondir les angles et aplanir les reliefs des Quatre motet pour un temps de pénitence, miniatures coloristes que le compositeur voulait « aussi réalistes et tragiques qu’une peinture de Mantegna ». La jubilation archaïsante et carillonnante d’Exultate Deo sied à cet ensemble qui ne craint pas la lumière vive et aime les lignes de tension.

Le choeur est rejoint pas l’ensemble instrumental Multilatérale pour un défi nettement plus expressionniste : la Messe un jour ordinaire de Cavanna qui dynamite et enfouit la liturgie latine sous un déluge de décibels (fanfare, cloche, orgue, accordéon… et voix dont trois soliste). Elle confronte le sacré à la banalité poignante des répliques d’une femme toxicomane fraîchement sortie de prison. Le compositeur a revu sa partition (créée en 1994) en y ajoutant une toccata introductive et en remodelant ses lignes chorales sur les possibilités d’un groupe professionnel dont a lecture supplante sans difficultés celle gravée par Philippe Nahon avec des ensemble vocaux.

Passeurs saisissants d'une musique fervente

Cadence - MLN
Le Moine et Le Voyou

Entre la Messe un jour ordinaire (1994) de Bernard Cavanna dans sa nouvelle version et l'anthologie de pages religieuses et profanes de Francis Poulenc (Un soir de neige, cantate pour un temps de pénitence, Exultate Deo) existe un fil d'Ariane grâce à une qualité d'écriture qui touche le tréfonds de l'âme. Léo Warynski et son remarquable ensemble Les Métaboles (rejoint pour la Messe par l'excellent groupe instrumental Multilatérale) se font passeurs saisissants d'une musique fervente liée à des événements tragiques ici transcendés.

Sélection Le Monde

Le Monde - Pierre Gervasoni
Le Moine et le Voyou

Placé sous une enseigne janusienne, « moine et voyou », qui a fait florès depuis son utilisation par Claude Rostand dans les années 1950, ce programme n’invite pas à considérer la dualité d’expression dans la production d’un seul et même musicien, mais dans la confrontation d’œuvres empruntées au catalogue de deux compositeurs. Ce qui n’est pas du tout la même chose. D’autant plus que Francis Poulenc n’y est représenté que par des pages, pour chœur a cappella, d’une rigueur monacale dont Les Métaboles restitue idéalement les multiples nuances, sous la direction méticuleuse et sensible de Léo Warynski. Après ce Poulenc quasi sacré, un Cavanna dévoyé ? Oui et non. La Messe un jour ordinaire (1994) peut, certes, passer pour de la provocation dans la mesure où elle glisse, entre autres, dans l’ordinaire latin (Gloria) quelques phrases d’une toxicomane en quête de toit. Toutefois, magnifiquement interprétée ici, cette œuvre tonitruante exalte tous les registres, de la pure émotion à l’emphase caricaturale, avec une indépendance esthétique susceptible de valoir à Bernard Cavanna le statut de "compositeur sans étiquette", jadis revendiqué par Francis Poulenc.

Un nouveau jalon, parfaitement abouti, dans le parcours discographique exemplaire des Métaboles.

ConcertClassic - Alain Cochard
Le Moine et le Voyou

Oratorio furieux
 
C’est par un enregistrement que Léo Warynski et ses chanteurs font l’actualité en cette rentrée. Un programme pour le moins original, qui réunit Poulenc (la cantate Un soir de neige, les Quatre motets pour un temps de pénitence et le motet Exultate Deo) et la Messe un jour ordinaire de Bernard Cavanna, composition créée au mitan des années 1990 dont l’auteur a livré une nouvelle version – la troisième – en 2021, en prévision de son enregistrement par les Métaboles et l’ensemble Multilatérale, dans la foulée d’un concert en mai 2022 à la Cité musicale-Metz.

Il y a une certaine cohérence à évoquer cette œuvre après le Concerto pour orchestre, où Grégoire de Narek écrit « pour les pénitents et les esclaves du péché [...] pour les dégradés et les élevés. ». La pièce de Cavanna mêle en effet l’ordinaire de la Messe aux paroles de Laurence, jeune toxicomane. « Oratorio furieux » : la juste formule de Romaric Gergorin traduit la singularité d’une composition inclassable, borderline telle que Cavanna en a le secret. Warynski la restitue dans son humaine complexité, sa tension entre sacré et ô combien ! profanes turpitudes, avec le concours d’Isabelle Lagarde, formidable Laurence, de la violoniste Noëmi Schindler, archet le plus cavannien qui se puisse trouver  mais aussi d’Emilie Rose Bry (sop.) et Kiup Lee (ténor) et de Multilatérale, parfait serviteur de l’hétéroclite instrumentarium requis par Cavanna (de la clarinette aux contrebasses, en passant par l’accordéon, l’orgue et le tuba !).

Une musique d’autant plus déroutante – et résolument prenante pour qui sait prendre le temps de l’apprivoiser – qu’elle suit les pièces de Poulenc, d’un caractère tout différent, et non moins bien défendues, qu’il s’agisse de la solitude glacée mais si humaine et sensible d’Un soir de neige, de la sombre et tragique gravité des Quatre motets ou de la ferveur de l’Exultate Deo. Un nouveau jalon, parfaitement abouti, dans le parcours discographique exemplaire des Métaboles.

Couverture
Le Moine et le Voyou
Colonne droite

Le Moine et le Voyou

Francis Poulenc
Un soir de neige, cantate profane
Quatre Motets pour un temps de pénitence...
Exultate Deo, motet pour les fêtes solennelles

Bernard Cavanna
Messe un jour ordinaire