Das atmende Klarsein inaugure le dernier style de Luigi Nono. Le maître vénitien y exalte la ruine de nos certitudes, une nouvelle écoute, faite de silences et de sons fragiles et inouïs, une attention à l’espace et au possible, toujours en chemin et où le chant est existence.
En 1912, au château de Duino, sur les rivages escarpés de l’Adriatique, Rainer Maria Rilke entreprend l’écriture de dix élégies. Comme appelé par une voix, il déploie les thèmes de l’ange, de la solitude, du salut, de l’amour ou de l’Ouvert. Luigi Nono y puise, en 1981, le titre et les fragments poétiques d’une œuvre pour chœur, flûte basse et live electronics : la « clarté qui respire », après un orage tardif, confère à ses sons une transparence somptueuse et éthérée. Alors qu’il réalise sa première œuvre au studio de Freiburg, avec la technologie la plus avancée de son temps, le compositeur se tourne aussi vers une autre source littéraire, grecque : les antiques lamelles orphiques. Du marais de la déesse Mnémosyne, près d’un cyprès blanc, coulait autrefois l’eau fraîche d’une mémoire de l’origine, apaisant les brûlures de la soif. En regard, des motets chromatiques de Roland de Lassus, extraits des Prophéties des Sibylles, rappellent le lien étroit de Luigi Nono aux polyphonies franco-flamandes et à cette Renaissance, dont il étudia nombre de traités et de manus-crits musicaux à la Bibliothèque Marciana de Venise.
DAS ATMENDE KLARSEIN
Luigi Nono, Das Atmende Klarsein pour choeur, flûte et électronique
Roland de Lassus, Les prophéties de la Sybille pour choeur
Niccolo Castiglioni, Musica Vneukokvahja pour piccolo
Les Métaboles
Matteo Cesari, soliste de l'ensemble Multilatérale
SWR Experimentalstudio, électronique
Léo Warynski, direction