Trois raretés magnifiquement défendues par Les Métaboles
Crescendo Magazine - Victoria Okada - Symphonie de Psaumes
Trois raretés magnifiquement défendues par Les Métaboles
Le 24 août, Les Métaboles a réalisé une cohérence artistique remarquable dans les œuvres de Brahms, Bruckner et Stravinsky, chaque pièce étant abordée avec une finesse et une profondeur qui témoignent d’un travail rigoureux et réfléchi. Dès les premières notes de Begräbnisgesang de Brahms, l’équilibre entre l’orchestre, en particulier les vents, et le chœur est impeccable, offrant une fusion harmonieuse des sonorités. L’excellence des chanteurs homogènes et bien maitrisés, permet de rendre justice à la richesse des harmonies brahmsiennes, où chaque voix trouvait sa place. La Messe n° 2 pour chœur et instruments à vent de Bruckner se distingue par une minutie et une précision rares. Warynski, avec un sens aigu du détail, a su manier le temps avec une justesse qui respecte la solennité de la partition. Cette rigueur a permis de révéler toute la profondeur spirituelle de la musique de Bruckner, sans jamais tomber dans une lourdeur. Les sopranos, bien que parfois légèrement serrés dans les aigus, contribuent à un rendu bien harmonieux. L’ensemble du chœur démontre une cohésion et une consistance de bout en bout. Ici, la dynamique reste mesurée, évitant les triple forte inutils tels qu’on a beaucoup entendu dans les interprétations grandiloquentes au cours du XXe siècle. Warynski a montré que la force de l’œuvre réside moins dans une démonstration de puissance que dans l’expression d’une foi intérieure, vigoureuse mais subtile. Enfin, dans Stravinsky, l’acoustique généreuse de la Basilique a atténué le côté percussif des instruments à vents même dans les moments les plus éclatants. Cette douceur acoustique, presque paradoxale, a permis aux mêmes instruments de se transformer en un tapis sonore délicat, offrant une nouvelle perspective sur l’étrangeté et la complexité de la partition. Cette pièce, exigeante, requiert une concentration soutenue de la part des chanteurs, une attention que chacun a maintenue jusqu’à la dernière note, rendant ainsi pleinement justice à la vision du compositeur. Dans l’ensemble, ce concert s’est avéré être une exploration profondément cohérente de trois univers musicaux distincts, unis par une même exigence de précision et d’intensité émotionnelle.