À l’heure où les salles de concert restent privées de public en raison de la crise sanitaire, la parution de l’album The angels enregistré par Les Métaboles lors d’un concert pendant le festival de Royaumont en septembre 2019 conjugue l’excellence de l’interprétation à ce que d’aucuns appelleraient le syndrome de la madeleine. On retrouve dans ce disque la pureté de la ligne et le cisèlement des choeurs des Métaboles, sous la direction de Léo Warynski, dans un programme qui fait dialoguer les époques, la polyphonie de la Renaissance et du baroque avec celle de la musique contemporaine, mise en miroir qui compte parmi les marques de fabrique de l’ensemble français et de son directeur musical.
Ici, c’est le corpus de Jonathan Harvey, nourri par la pratique chorale, véritable institution outre-Manche, qui est mis en regard avec quelques grands maîtres du passé – Byrd, Purcell et Palestrina. De Harvey, on retiendra la décantation et la beauté des modulations de I love the Lord, les halos évocateurs de Come, Holy Ghost, la synthèse magistrale entre le sens du verbe et de l’effet dans The annunciation ou encore le remarquable et éponyme
The angels, initié sur des sons bouche fermée avant de se déployer dans un diaphane double choeur. Un témoignage fascinant d’une maîtrise d’un des meilleurs ensembles français d’aujourd’hui, récompensé l’an dernier par le Syndicat de la critique, et que l’on espère retrouver en salles dès que les restrictions seront levées.